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QUESTIONS d'ACTUART

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 19:18

Ecole d’Art d’Avignon : "Aujourd’hui le préfet nous confirme, Ferrari, c’est fini" ML Actu, 1er octobre 2012

suivi par La chronique n°34 de Nicolle Esterolle: "L’art contemporain, c’est bon pour le moral"

 

pierre-jourlin-sud-solidaire-84-et-laurent-santi-sud-etudia.jpgLe conflit qui agite l’Ecole d’Art d’Avignon depuis 4 mois, opposant les étudiants et Sud Education au directeur de l’établissement Jean-Marc Ferrari, semble s’apaiser. Après des semaines de mobilisation, ce dernier a été suspendu de ses fonctions le 18 septembre, une suspension « qui nous a été confirmée aujourd’hui par le nouveau préfet » nous informent les représentants du syndicat, reçus avec des étudiants ce lundi 1er octobre à la préfecture. Se disant « enfin écoutés », ils suspendent les projets de rassemblement et de blocage de l’Ecole pour la rentrée.  

« Nous sommes très satisfaits, d’abord d’avoir un nouvel interlocuteur qui nous reçoit quand on lui demande. Lui, il va œuvrer pour que les choses évoluent ». Jacques Maire, co-secrétaire de Sud Education 84, sort à peine de l’entrevue avec Yannick Blanc, le nouveau préfet du Vaucluse, et à l’écouter échanger avec ses collègues et les étudiants, le soulagement semble de mise. Il faut dire que les relations avec le précédent représentant de l’Etat, François Burdeyron, étaient des plus tendues. « Là, c’est un autre personnage, il est à l’écoute, on a posé beaucoup de questions, on a reçu quelques réponses, les autres devraient arriver. » Parmi elles, une en particulier les réjouit, et pas des moindres : « On l’a interrogé sur l’après Ferrari. C’est bon, c’est sûr, il ne reviendra pas. Le préfet nous a confirmé qu’une nouvelle direction serait recrutée à la fin de l’année. La grande nouvelle du jour, c’est l’officialisation par le préfet que Ferrari, c’est fini, et le système Ferrari avec ! ». Un départ réclamé depuis le début du conflit par les élèves mobilisés et le syndicat. 

Laurent, étudiant de l’Ecole qui ignore encore s’il passe en 2nd cycle pour cette rentrée (dans moins d’une semaine) se dit quant à lui soulagé, « je n’aurai plus de copines qui viendront me raconter qu’elles ont été harcelées par le directeur, ça y est, c’est fini ». Car le conflit à l’ESAA est complexe, portant à la fois sur des dysfonctionnements au sein de l’établissement, au Conseil d’Administration, dans l’organisation même de l’école et sur le passage de certains élèves en cycle supérieur ; mais il est aussi question de plaintes déposées pour harcèlements sexuels et moraux à l’encontre de Jean-Marc Ferrari, en poste depuis 18 ans. « Le nouveau préfet s’est engagé à corriger tout ce qui se passe mal à l’école mais des changements concrets et importants doivent avoir lieu, avec des problèmes actuels comme l’absence de démocratie et de règlement intérieur ou la précarisation du personnel. Il faut plus de transparence et de collégialité, stopper les abus de pouvoir » nous explique Pierre Jourlin, co-secrétaire du Sud Education 84. Le 18 septembre dernier, date à laquelle le directeur de l’établissement était suspendu « dans l’intérêt du service mais aussi de son propre intérêt », l’organisation d’un prochain Conseil d’Administration extraordinaire était aussi annoncée. Il aura lieu demain, mercredi 3 octobre, « afin de prendre des dispositions avant la rentrée des étudiants, relatives à la gouvernance de l’école et à son fonctionnement ». Jointe par téléphone, la préfecture nous a fait savoir que Yannick Blanc ne ferait pas de communication sur l’Ecole d’Art avant cette réunion. La rentrée, initialement prévue le 1er octobre, est reportée au début de la semaine prochaine afin de permettre la tenue de ce nouveau CA extraordinaire. Si, avant le rendez-vous avec le préfet ce lundi, le syndicat et les étudiants affirmaient « n’avoir aucune confiance dans ce CA », prévoyant même un rassemblement le jour même, les choses ont depuis évolué. « C’est vrai, on avait prévu une action mais au vu de l’entretien avec le préfet qui a pris des engagements fermes, on va réfléchir, revoir tout ça. Le blocage le 8 octobre pour la rentrée est suspendu aussi, mais maintenant on veut du concret, des décisions officielles et publiques. Si tout ce qu’il nous a dit n’est pas effectif, on reprendra la lutte » prévient Pierre Jourlin. La rentrée des classes devrait donc être plus calme que prévue, mais les étudiants l’affirment, ils ne baisseront pas la garde tant que l’organisation de leur école ne sera pas entièrement revue et modifiée. (Maud Fontanel) 

 

La chronique n°34 de Nicolle Esterolle: "L’art contemporain, c’est bon pour le moral"

Lorsque les ouvriers des aciéries de Florange ont appris que leur patron, Monsieur Mital, qui, d’un côté les licenciait pour faire des économies, avait par ailleurs dépensé 24 millions d’euros pour la tour des jeux Olympiques de Londres (photo ci-dessus ) conçue par le Financial contemporary artist Anish Kapoor, cela leur a, paraît-il, grandement remonté le moral. Quand ensuite, on leur a annoncé que leur haut - fourneau désaffecté serait bientôt « mis en lumière » pour un millions d’euros par l’ambianceur Claude Lévêque, autre Financial contemporary artist de la Galerie Yvon Lambert, comme il avait été précédemment procédé pour le haut-fourneau U4 d’Uckange, alors, ils se mirent à danser de joie autour de leur représentant syndical. 

L’art contemporain semble donc de plus en plus indispensable, en ces temps de récession économique et de baisse du moral des ménages, pour remettre un peu de gaité au cœur à tous ceux qui souffrent de la dureté du temps.   

Egayant en effet d’apprendre qu’il existe depuis peu des tasses à café signées Daniel Buren : http://www.artaban.com/categories/petit-prix-art-design/coffret-tasses-daniel-buren

Rigolo de découvrir la ligne de bottes en caoutchouc décorées d’haricots multicolores signés Claude Viallat (La galerie Bernard Ceysson et Sergio Rossi sont heureux de vous inviter à l’exposition de 18 bottes peintes par Claude Viallat. Le vendredi 22 octobre de 18h à 22h en présence de l’artiste) 

Réconfortant de savoir que Rüdiger Weng, de la galerie chinoise Weng Fine Art, l’un des marchands d’art les plus influents du monde, vient d’annoncer un chiffre d’affaire en hausse sur les six derniers mois, de près de cinq millions d’euros et un résultat net après impôt de 1,3 millions d’euros ; et cela pour moins de dix salariés payés au SMIC. 

Hilarante cette performance de l’artiste plasticien Abraham Poincheval, qui s’est fait emmuré dans les fondations de la galerie Histoire d’un jour à Marseille, pour y passer « 604.800 secondes », titre de la performance, enfermé dans un trou de 62 cm de diamètre et 1,70 m de profondeur recouvert d’une énorme pierre, privé de lumière et dans l’impossibilité de s’asseoir ou se coucher.

Cocasse cette exposition à la la galerie Metro Pictures, dè New York, de l’artiste Andreas Slominski intitulée : « Sperm », qui, comme son nom l’indique, présente au public de la semence humaine et animale dispersée dans la galerie sur les murs ou au sol. Avec notamment l’œuvre Sperm of a Black Panther (2012) constituée du sperme de l’animal sur une paire de sandales, mais aussi de Sperm of Two Pilots ou du sperme humain exposé au mur au dessus de bottes de foin ( L’artiste nous dit-on, porte beaucoup d’importance au principe de fertilisation qu’il considère, à juste titre, comme étant la clé de l’existence ) 

Enthousiasmante pour nos valeureuses Gueules noires cette exposition en pays minier, intitulée Age of Coal , « qui se penche sur la manière dont le charbon a influencé et défini la production artistique », et où ils pourront voir le fameux sac de charbon suspendu au plafond de l’Armory Show par Marcel Duchamp en 1917, et le non moins historique tas de charbon de Vernar Benet en 1965 à New York. 

Tonifiante pour la santé du marché que cette vente chez Sothebies d’un sac de 150 kilos de graine de tournesols en porcelaine du célèbre dissident chinois Ai Wei Wei, au prix de 140 000 euros (voir ma précédente chronique). Poilant d’apprendre que c’est ce même chinois qui va représenter l’Allemagne à la prochaine Biennale de Venise. On pourrait, au-delà de ces quelques exemples pris au hasard, citer des centaines, voire des milliers, d’opérations art contemporain toutes plus roboratives et stimulantes les unes que les autres pour le moral du citoyen que l’inepte fait rigoler, …

Mais il y en a une qui semble vouloir les couronner toutes, c’est celle de Bertrand Lavier que l’on peut voir actuellement au Centre Pompidou. 
Une exposition rétrospective qui semble vouloir célébrer l’art contemporain comme colossale poilade, et pour les vertus neurothérapeuthiques de celle-ci en termes de stimulation des glandes productrices d’endomorphines, de dopamine et autres hormones du bon moral et de la joie populaire. Avec Bertrand Lavier en effet, nous dit Philippe Dagen, le critique d’art le plus marrant de la place de Paris « On ne compte plus les musées, biennales, expositions personnelles et collectives où ses objets et installations ont fait entendre son rire - celui du pastiche, du sacrilège, de la parodie et de l'absurde ». Désopilant en effet ce Bertrand Lavier, quand il réaffirme comme Franck Stella, que la peinture sur la toile doit être aussi belle que la peinture dans le pot ou dans le tube, et que c’est la raison pour laquelle il a pris le parti de ne pas même la sortir du tube et de peindre le tube d’une autre couleur que celle qu’il y a dedans. Distrayant, quand il repeint en blanc un réfrigérateur déjà blanc et qu’il installe un gros caillou dessus, on ne sait trop pourquoi, sinon pour que la pièce ainsi formée soit évaluée à 900 mille euros dans la Collection qu’Yvon Lambert donnée à la France. Comique, et récréatif pour collectionneurs d’art africain, quand il coule en bronze ou en métal chromé des statuettes Dogon. Divertissante, sa façon de « bouleverser les codes de la peinture et de la représentation » , quand il monte sur socle une tronçonneuse électrique achetée 125 euros chez Castorama et que cette petite facétie à trois balles est estimée aujourd’hui à 90 000 euros dans la prestigieuse collection avignonnaise de Lambert. Burlesque en diable quand il précise que « Teddy, l'ours en peluche (100 000 dollars), ne doit rien au hasard, qu’il ne l'a pas trouvé abandonné dans la rue, mais acheté aux puces et choisi pour son air vicieux ». Réjouissant de l’entendre dire : « "Oui, je ne mesurais pas à quel point mes pièces ont un côté narratif.", avec son éternel sourire jaunâtre de nounours vicieux et son allure sournoisement modeste de vieux dandy farceur post duchampien de sous-préfecture, toujours prêt à dégainer une formule sibylline, façon plaisanterie éculée ou perfidie bien faisandée au sujet de l’art, des artistes et de la société de communication. Esclafatoire de l’entendre dire qu’il a fait des études d’horticulture et que c’est lorsqu’il a compris que l’art contemporain n’était pas de l’art, qu’il est devenu artiste contemporain. Très drôle de savoir qu’il a commencé sa carrière en peignant en blanc les feuilles d’ampélopsis (vigne vierge) de sa maison, que cela a plu énormément à l’énorme critique d’art Pierre Restany, qui l’a présenté à l’exquise Catherine M. , etc. Réconfortant quant il précise : « ... On parle toujours, à mon propos, de ready-mades. Mais ce n'en sont pas. Je crois avoir échappé à Duchamp, être au-delà."… Car voici un artiste qui dépasse de loin Marcel Duchamp et Daniel Buren réunis, en matière de drôlerie, bien plus marrant en effet, plus poilant, plus enjoué, plus primesautier, que sais-je ?…plus performatif dans la sollicitation des muscles zigomatiques et des glandes à hormones de la joie. 

safe_image-copie-1.jpgMais quant à moi, que tout ce qui précède ne fait absolument pas rire, ce qui vient de me mettre vraiment en joie, de me remonter le moral à fond, de me déclencher une sécrétion de dopamine aussi forte que pour un bel orgasme, c’est d’apprendre que, d'un commun accord, le préfet du Vaucluse, Marie-Josée Roig, maire d'Avignon, et la direction des affaires culturelles de la ville ont décidé, mardi 18 septembre, de suspendre Jean-Marc Ferrari, dont je vous avais parlé dans mon avant-dernière chronique N° 32 , directeur de l'Ecole supérieure d'art d'Avignon, ami d’Yvon Lambert, fervent adepte de Harcel Duchamp, et accusé justement de marcélement moral et sexuel par quelques - unes de ses élèves. 

Et ce qui booste encore plus mon moral, c’est d’imaginer la tête déconfite que font aujourd’hui tous les "grands noms" de l’art contemporain français qui ont signé la pétition de soutien au présumé harceleur , tels que Christian Boltanski, Joel Hubaut, Philippe Cazal, Ami Barak, Eric Duyckaerts, Bernard Marcadé, Ghislain Mollet-Viéville, Françoise Gui, Jean de Loisy, Arnaud Labelle-Rojoux, Pierre-Jean Galdin,Yves Le Fur, etc, Autant de jolis spécimens d’apparatchiks verrouillant l’appareil institutionnel, acteurs d’un harcélement duchampien tous azimuts et qui voient avec inquiétude, dans cette condamnation de l’un des leurs, les murs de la forteresse de l’inepte qu’ils ont construite, se fissurer dangereusement pour eux… C’est d’imaginer aussi la grave contrariété d’un Yvon Lambert qui voit avec cette affaire la valeur estimée de sa collection bidon diminuée d’au moins 50%, qui voit son crédit amenuisé auprès des édiles avignonnaises et qui découvre également que le cynisme et le pervers deviennent moins efficients en termes de culture et de stratégie artistico-financière.

 

 

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