Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Rechercher Un Sujet (Articles)

QUESTIONS d'ACTUART

point-d-interrogation_7692_w300.jpg
21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 09:55

par Jean-Luc Chalumeau

aff_festival_33_x_48-329x436.jpgC'est un fait : l'art contemporain a maintenant conquis la France, à en juger par l'étonnante floraison de manifestations de qualité qui, de L'art dans les chapelles du Morbihan aux Rencontres d'Arles- photographie, ont animé la vie culturelle de l'hexagone cet été. Que faire, dès lors, quand on est délibérément hostile à cette effervescence ?

On peut par exemple fonder une « Association pour la Promotion de l'Art Contemporain Populaire (APACOP)». Sous entendu par cette dénomination : l'art contemporain tout court ne saurait être populaire puisque, selon M. Roger Taillade, fondateur de cette association qui a organisé les 9 et 10 juillet une «Rencontre internationale d'art singulier» à St-Amant-Roche-Savine (Puy de Dôme), «le petit peuple a déserté cet univers dénué d'émotion». Pourquoi ? parce que cet art (dit par lui «officiel») doit être pourvu d'un emballage intellectualisé dûment estampillé par «des élites autoproclamées, maîtres es vacuité...» Emballage incompréhensible, il va sans dire : la critique d'art actuelle n'est, pour M. Taillade, que «prétexte à de longues logorrhées issues de pénibles coliques insanes.»

On regrette pour les artistes dits singuliers réunis à St-Amand-Roche-Savine d'être « défendus » par une plume aussi médiocrement agressive (sans parler de celle, peut-être plus navrante encore, d'une auteure dans le même catalogue, ennemie jurée de l'art contemporain). Car de bons artistes, baptisés singuliers, se sont malheureusement laissés séduire par le discours haineux des organisateurs, non sans risque de se retrouver plus marginalisés encore. Je le dis avec d'autant plus de liberté que je ne crois pas avoir été le dernier à dénoncer certaines impostures dans le champ de ce que l'on appelle l'art contemporain.

imagesCAR7U6ZA.jpgMais ce dernier est loin d'être exclusivement le fait de quelques vedettes douteuses que j'ai nommées ailleurs. Des artistes authentiques, bien loin d'un introuvable « art officiel », ont par exemple dialogué de manière convaincante avec les beaux espaces offerts par les nombreuses chapelles de la vallée du Blavet en Bretagne. Je pense particulièrement aux peintures-écrans de Cécile Bart, réalisées sur le site même de la chapelle de la Trinité à Bieuzy-les-eaux et aux structures linéaires en lattes de peuplier conçues par Rainer Gross pour célébrer la splendide église Saint-Nicolas de Pluméliau. Plus ludique sans doute, mais tout aussi respectueux des lieux, apparaissait Olivier Nottelet avec sa monumentale peinture murale pour la chapelle Saint-Jean de Le Sourn. Ce ne sont là que trois exemples parmi de multiples prestations de grande qualité esthétique.

200812051883_zoom.jpgMais revenons à la discutable initiative de l'APACOP : je trouve dommage qu'un peintre et sculpteur de la qualité de Stéphane Carel, pour ne citer que lui, y ait été associé. Voici un artiste expressionniste au tempérament fort, dont l'être humain, tout simplement, est la principale source d'inspiration. Comme lui-même peut-être, ses personnages sont, selon ses dires « naïfs, passifs, fatalistes... face au monde qui les entoure. » Les couleurs sont franches, les modelés fermes. La sincérité ne va pas ici sans un évident savoir-faire. Un vigneron ardéchois m'a conduit à son atelier de Vallon-Pont-d'Arc, refuge d'un solitaire et, pourquoi pas, d'un « singulier » puisqu'il s'accommode volontiers de cette dénomination qui fut celle de créateurs aussi grands que Dubuffet ou Giacometti. Je lui souhaite de cesser de ressembler à ses personnages : ni naïf, ni passif, ni fataliste, il lui appartient d'aborder le monde de l'art tel qu'il est et d'apprendre à s'y faire sa place, loin des stéréotypes concernant les fameuses « élites autoproclamées » qui sont d'autant plus faciles à contourner qu'elles sont largement imaginaires. Allons, Stéphane Carel et les autres singuliers qui vous sont proches, foin du fatalisme : le monde qui vous entoure n'attend que d'être conquis par votre talent !

J.-L. C. 08-09-2011 

Partager cet article
Repost0
17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 17:11

par Jean-Luc Chalumeau
Paris, 16-06-2011

Dans le supplément du Monde paru le 1er juin, je trouve un important entretien avec Larry Gagosian présenté comme « artmondialiste sacré homme le plus puissant du marché de l'art ». L'homme est sûr de lui, c'est le moins que l'on puisse dire, il a ouvert dix galeries à Los Angeles, New York (trois établissements), Londres (deux), Rome, Athènes, Genève et Paris. billet euroIl est le fondateur d'une multinationale de l'art sans équivalent dans l'histoire : ce businessman décomplexé résume sa pensée et son action en une seule phrase, hautement significative : « Pour moi, l'art et l'argent vont ensemble ». Le lendemain, coïncidence, la galeriste Farideh Cadot signe dans Libération un cri de détresse, qui lui aussi tient en une seule et courte citation : « L'argent est devenu l'unique critère de jugement ». Pas un critère parmi d'autres, comme naguère et jadis, pas même le principal critère, mais bien l'unique, et cela change tout. Que s'est-il donc passé depuis l'heureux temps où Farideh Cadot était l'une des galeristes internationales les plus en vue (elle a toujours eu deux galeries, à Paris et New York), ayant commencé dès 1975 par visiter systématiquement les ateliers d'artistes inconnus des deux côtés de l'Atlantique, avec la fierté d'en avoir révélé plusieurs ?

J'ai fait sa connaissance en 1982, à un moment où tout commençait à basculer : Charles Saatchi imposait alors au monde, avec la collaboration de Léo Castelli, un médiocre peintre new yorkais (mais - heureusement pour lui - bon cinéaste), Julian Schnabel, et quelques marchands parisiens tentaient de promouvoir le mouvement dit de la Figuration libre avec des fortunes diverses. L'une de ses jeunes vedettes, Hervé Di Rosa, avait alors innocemment vendu la mèche : « Et si un jour ils s'apercevaient de la supercherie, qu'adviendrais-je ? Je frémis d'horreur à cette idée. Oui que faire, si un jour ils apprennent que ce n'est pas de la peinture ?.... » « Ils », c'est-à-dire les détenteurs du pouvoir sur le marché. Trente ans plus tard, Di Rosa et beaucoup d'autres sont sans doute rassurés : la supercherie n'a jamais été découverte. Pourquoi ? En raison, explique aujourd'hui Farideh Cadot à propos de l'actualité, de « l'ignorance et l'inculture des nouveaux acheteurs » sur qui repose la construction du marché.

Mais revenons un instant à 1982 : Farideh Cadot se félicitait alors, à juste titre, non seulement d'être une bonne découvreuse de talents nouveaux ou une excellente promotrice de valeurs négligées (elle avait réussi à relancer quelques minimalistes historiques un peu oubliés), mais surtout d'être fidèlement suivie par « ses » collectionneurs qui lui faisaient confiance et, l'avenir l'a démontré, devaient fort bien s'en trouver. Or quel est le changement fondamental intervenu depuis lors, anticipé par Charles Saatchi et incarné aujourd'hui avec une confondante satisfaction par Larry Gagosian ? C'est vertigineusement simple : pour la part la plus visible, la plus tonitruante du marché, ce ne sont plus les marchands et encore moins les critiques qui prennent l'initiative, éventuellement suivis par des collectionneurs. Ce sont au contraire les nouveaux « collectionneurs » qui ont pris les choses en main (c'est- à-dire les milliardaires en roubles, en dollars et en yuans qui s'amusent à acheter n'importe quoi à n'importe quel prix), avec la complicité de marchands qui se sont mis à leur service, jouant accessoirement le rôle de poissons-pilotes dans la jungle de l'art contemporain. C'est cette fonction de relais, secondaire peut-être, mais hautement lucrative, que joue à merveille aujourd'hui un Larry Gagosian. Il a commencé avec Eli Broad et continue avec notamment Steven A. Cohen, Aby Rosen ou David Geffen.

En général, les nouveaux collectionneurs devinent bien que la valeur esthétique de ce qu'ils achètent est nulle, mais c'est un jeu : il faut donc revendre très vite, naturellement beaucoup plus cher, à d'autres snobs richissimes, jusqu'à l'essoufflement de la cote ; le dernier acheteur est donc le perdant à ce jeu mondial qui fascine tant les gazettes. Farideh Cadot a raison d'écrire que « le milieu de l'art est livré à un quarteron de docteurs Madoff qui vendent à tour de bras, faisant passer de mains russes en poches émiraties des stocks d'œuvres ». Lorsque la cote de Schnabel a baissé, Saatchi avait empoché depuis longtemps ses plus-values sur les centaines de pièces acquises dès le début de la carrière fabriquée de son poulain. Aujourd'hui, nous assistons à une tentative de relance de l'Américain avec une exposition au musée Correr de Venise en marge de la Biennale. Sera-ce suffisant ? On peut en douter, les spéculateurs attendant l'effet de nouveauté (généralement simulée) pour mettre de l'argent, beaucoup d'argent. Eh oui, l'art et l'argent vont décidément ensemble ces temps-ci : Larry Gagosian ne fait que constater la réalité dont il profite avec un cynisme réjoui, une réalité que Farideh Cadot est bien placée pour juger triste.

J.-L. C.

Partager cet article
Repost0
29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 15:11
Invités aux vernissages, rencontres presse et autres dédicaces, comme éditorialistes et critiques d'art, nous avons récemment répondu présent à deux évènements, l'un se voulant philosophique, l'autre extrêmement festif. Et, une fois de plus, nous avons pu constater que l'usine à gaz médiatique se mettait en route pour con...sacrer des noms et des labels.

CIMG1177.JPGLa galerie Henry Chartier avait réuni une dizaine de personnes, artiste et personnel de la galerie compris, pour une interview improvisée menée par un de nos critiques d'art lyonnais, encore actif, face à l'artiste parisien Guillaume Lebelle. Initialement installée rue Burdeau, se démarquant dans le paysage artistique lyonnais par un choix de peintures assez caractéristique très proche de la touche graphique de Pierre Alechinsky ou celle de Jean Raine, la galerie Chartier a récemment inauguré son nouvel espace rue René Leynaud. Ce soir-là nous observions lors de cette rencontre, la construction des rôles, des attitudes et des discours de chacun des acteurs: l'artiste, le galeriste, le critique, le public et, au milieu de tout ça, la position du journaliste. Le critique déclara que tel tableau est un "Cézanne éclaté" et que son rôle au critique d'art est "de faire aimer la peinture à tous". Mais devant une audience en attente, un artiste très peu expansif sur lui-même et son art, un galeriste encore moins bavard qui a tout misé sur l'improvisation et les idées des autres, le critique d'art ne trouva mieux que de demander à l'artiste de parler de sa peinture. CIMG1170La fameuse interview tourna vite en dialogue de sourds et de muets. Oserons-nous affirmer de laisser à Cézanne ce qui est à Cézanne, car ces parellèles allégoriques, qui veulent nous faire croire qu'un nouveau génie de la peinture est né, ne font que rapprocher deux styles mais nous éloigner de l'oeuvre que nous sommes venus voir. Demander à un peintre de parler de sa peinture, alors qu'il a tout "dit" dans ses tableaux, c'est vouloir à tout prix mettre des mots sur un langage pictural dont les codes relèvent strictement du visuel: c'est au spectateur de percevoir les couleurs, les lignes, les tâches, les seuls vocables de l'artiste et de s'émouvoir ou pas. A quoi bon finalement toutes ces paroles puisque la peinture est un langage non-verbal? D'ailleurs nous vous invitons à rendre visite à la galerie Henry Chartier et vous confronter aux oeuvres de Guillaume Lebelle. Merci Henry Chartier de nous avoir invité.

CIMG1181.JPGLe lendemain soir, à la galerie Le Réverbère, au bruit des bulles qui remplissaient les coupes de champagne et l'odeur de la mozzarella à l'huile d'olive, nous avons plus vite remarqué les serveurs aux beaux tabliers rouges brodés HSBC que l'exposition elle même. Des photographes photographiaient les artistes photographes et les photographies, tandis que la foule tirée à quatre épingles s'amoncelait autour du buffet. Nous nous sommes difficilement frayé un chemin entre les joyeux groupuscules pour arriver à photographier et à regarder les oeuvres exposées: "Coastline" de Xiao Zhang et "Sur le chemin de Tepeyac" d'Alinka Echeverria, deux séries de photographies récompensées par le Prix HSBC de la Photographie 2011, label qui se veut prestigieux au même titre que "international", "grand prix de", "collection de"... Faut-il croire que tout ce battage médiatique peut labelliser une oeuvre aux yeux du grand public? Mais où est-il, le grand public? Avec les moyens techniques mis à sa disposition - appareils numériques, logiciels de correction, imprimantes haute définition - il considère être lui aussi un créateur, un artiste.
  • Echeverria Tepeyac -copie-1"Nul ne sait s’il n’est informé, car la dé-contextualisation voulue par l’auteur permet de s’attacher aux attitudes individuelles, à ces corps porteurs non pas d’une pénible et lourde croix mais d’une Vierge vénérée. L’accumulation des personnages, la beauté et l’étrangeté de leur harnachement, constituent une série exceptionnelle qui permet de visualiser la démesure de cette croyance, la beauté du geste et sans doute la métaphore du surréalisme mexicain."
  • Xiao_Zhang_Coastline_No.14.jpg"Xiao Zhang nous livre une dérive étonnante le long de la côte. Il la décrit comme “belle et douloureuse”. On y voit les vacances, les mariages, les déchets, la solitude, une Chine intime et contemporaine sans aucune facilité exotique." (extraits du dossier de presse de la galerie)

Dans un monde où les valeurs et les goûts se fabriquent artificiellement, où l'envie et l'émotion ne sont que des réactions anticipées à des produits de masse et de mode créés à propos, l'art ne semble pas faire exception à la règle. Dans un système conventionnel, appuyé avec zèle par l'engrenage médiatique, le discours sur l'art devient primordial, au détriment de l'art lui-même. Ce que tel ou tel critique dit sur tel ou tel artiste ou lieu d'art compte cent fois plus que les réactions des anonymes. La course infernale après les titres, les décorations et les estampilles, après les articles de presse et les reportages de télévision, confère à la presse un immense pouvoir dont elle peut faire usage à bon escient ou sous un intérêt quelconque.

"Le pouvoir est présent dans les mécanismes les plus fins de l'échange social: non seulement dans l'Etat, les classes, les groupes, mais encore dans les modes, les opinions courantes, les spectacles, les jeux, les sports, les informations, les relations familiales et privées, et jusque dans les poussées libératrices qui essayent de le contester... la raison de cette endurance et de cette ubiquité, c'est que le pouvoir est parasite d'un organisme trans-social, lié à l'histoire entière de l'homme, et non pas seulement à son histoire politique, historique. Cet objet en quoi s'inscrit le pouvoir, de toute éternité humaine, c'est: le langage - ou pour être plus précis, son expression obligée: la langue. [...] Il ne peut donc y avoir de liberté que hors du langage."
Le challenge de Roland Barthes, dans cette leçon inaugurale au Collège de France en 1977, est, en tant que transmetteur d'un savoir ou d'une méthode (professeur notamment), de "tenir un discours sans l'imposer".* 

Informer le grand public à travers un site d'art, un journal, une revue, une émission de radio ou de télévision, nous confère, nous journalistes, un grand pouvoir, celui du savoir dire et du pouvoir dire, mais n'oublions jamais que ce pouvoir exige des devoirs:
  • l'éthique, ne jamais franchir la ligne rouge, rester impartial, prendre du recul affin d'éviter les effets d'annonce
  • l'honnêteté, car il est facile de vendre aujourd'hui "son âme au diable", le critique doit toujours penser à la personne à laquelle s'adresse son article
  • le doute, car à l'époque de la mondialisation et de la désinformation permanente, sommes-nous vraiment sûrs de nos idées? souvenons-nous que les refusés du 19e sont aujourd'hui les grands maîtres de la peinture que tout le monde s'arrache


Pouvoir, oui. Devoir, surtout. Voilà pourquoi le plus important à nos yeux pour un critique est de parler d'art et pour un galeriste de dénicher les artistes de talent, pour éviter que l'art se résume à un comptage de bulles le soir du vernissage.

GUILLAUME LEBELLE
17 MAI - 16 JUILLET 2011 Peintures de 2010-2011

Galerie Henri Chartier 35 rue Leynaud 69001 Lyon / du mardi au samedi métro Croix Paquet (à 100m) _ Hôtel de ville parking Louis Pradel _ Tolozan _ Terreaux de 10h à 19h30 et sur rendez-vous / Rencontre débat le mardi 14 juin à 19h30 avec Guillaume Lebelle et Pierre Wat, professeur d’histoire de l’art à l’université Paris I et critique d’art 

Xiao Zhang, Alinka Echeverria
Dans le cadre des 30 ans de la galerie Le Réverbère,

Les lauréats 2011 du Prix HSBC pour la Photographie: Du 18 mai au 23 juillet 2011 / Galerie Le Réverbère Catherine Dérioz Jacques Damez 38 rue Burdeau 69001 Lyon / du mercredi au samedi de 14 h à 19 h et sur rendez-vous en dehors de ces horaires

_________________________
* Roland Barthes, Leçon inaugurale de la chaire de sémiologie littéraire au Collège de France, prononcée le 7 janvier 1977.
 
        ©Guillaume Lebelle, 2010, technique mixte sur toile, 200/200cm
 
Partager cet article
Repost0
11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 07:27

tayou casserolesSuscitée par la dernière chronique de Nicole Esterolle (chronique contradictoire puisque ses premières lignes résument parfaitement le fonctionnement de l'art contemporain alors que le reste de l'article n'est que du superflu), la réflexion que nous vous proposons aujourd'hui est un corolaire de nos questionnements sur le discours DE l'art et le discours SUR l'art aujourd'hui.

En enquêtant sur ces quelques incidents qui ont fait récemment la une des faits divers dans les journaux télévisés et médias papier, nous n'avons pas trouvé de commentaire se revendiquant de la critique d'art qui ait réagi à ces "attentats", que ce soit la dégradation de "Immersion (Piss Christ)" à Avignon ou la casse de la "Colonne Pascale" à Lyon. Accuser les journalistes de ne pas avoir dévoilé les rouages du système artistique c'est confondre deux métiers à part: le rôle d'un journaliste de faits divers est, déontologiquement parlant, de faire un constat à partir de faits avérés. Aux lecteurs de se poser les questions.

Aucune réaction donc peut-être parce que la critique d'art, sauf Nicole Esterolle à l'évidence, a finalement compris qu'aujourd'hui parler d'art contemporain, en bien ou en mal, c'est accepter, malgré soi, de jouer le jeu. Car l'art contemporain active cette espèce de "contamination" conceptuelle inéluctable: TOUT fait partie de l'oeuvre, que ce soit l'entité donnée à voir, le spectateur, le lieu, le contexte historique, le code, l'interprétation du message, les admirateurs, les détracteurs et les critiques, la destruction même de l'art...

Nicole Esterolle elle-même et sa colère font aussi partie de l'oeuvre de Pascale Mathine Tayou et de l'art contemporain. Les auteurs des dégradations des oeuvres, plus ils sont véhéments et plus ils participent de l'art contemporain, car cet art n'existerait pas sans la publicité et  bien sûr sans l'institution qui le consacre, lui et son auteur. Imaginons un seul instant que le Christ de Serrano s'appelait "Immersion (Honney* Christ)" et que l'artiste ait expliqué qu'il avait immergé le crucifix dans du miel... Est-ce qu'on aurait autant parlé de lui?  Il est certain que non. Ce qui prouve que ce n'est pas l'oeuvre en tant que telle dans sa plasticité qui existe vraiment, mais le discours qui tourne autour. Moins il y a à voir, plus il y a à dire.

L'oeuvre d'art contemporain, qu'elle soit tangible ou intangible, matérielle ou conceptuelle, récupère tout ce qui lui donne une existence, un sens, une vie, elle fagocite tout ce qu'elle touche. Pas de recul, ni de jugement possible, le tourbillon engloutit tout sur son passage. On comprend alors le désarroi avec lequel les critiques d'art dépourvus de critières analytiques ont, depuis plusieurs années, baissé les bras, en devenant une sorte de promoteurs qui peuvent dire tout en n'importe quoi sur n'importe qui et n'importe quoi.

La "dé-définition"** progressive de l'art depuis les années '60, la transgression permanente non seulement des codes esthétiques, comme l'art moderne nous avait habitués, mais surtout la transgression de la limite entre art et non-art, la récupération inévitable par l'institution de cet art transgressif devenu "officiel" pourtant rebelle, l'expansion continue de la sphère artistique, l'hybridation des pratiques et l'expérimentation des nouveaux médiums et des nouvelles technologies, ne laissent que les ruines de l'imposant et glorieux édifice des Beaux-Arts fondé au 17e siècle. Ce dernier a été remplacé aujourd'hui par des Centres d'Art, des Fonds Nationaux et Régionaux, un Ministère de la Culture, qui décident, à travers leurs acquisitions, de la sphère de l'art actuel, dans une logique que nous définirons comme logique d'échantillonnage et qui ont une vision historique et évolutive de l'art, en recherchant le nouveau et en ignorant l'opinion publique, qui elle est précisément contemporaine. C'est pour telle raison que l'art contemporain ne saurait en aucun cas se confondre avec la production des artistes vivants, dont une grande partie restent attachés aux codes plastiques de l'art moderne.

Marc Jimenez définit l'art contemporain comme une résultante du contexte philosophique, de l'intention artistique et la reconnaissance par ses paires et par l'institution. En quête d'une nouvelle cohérence et un nouveau système artistique, l'art contemporain s'est donné une fonction épistémologique (de connaissance, d'intélligible) et non plus esthétique (du sensible), pour donner à voir le monde autrement, en faisant tomber tous les tabous possibles et inimaginables, en trasfigurant l'imagerie collective au risque de choquer jusqu'au dégoût.

Si l'acceptation de cet art évolutif est loin de faire l'unanimité, si le monde de l'art aujourd'hui se divise en deux strates qui refusent avec acharnement de se mélanger et qui se détestent à mort, c'est parce qu'aujourd'hui l'art contemporain donne l'impression d'absorber tous les fonds publics destinés à la culture (par exemple la Biennale de Lyon à plusieurs millions d'euros, seul méga-évènement artistique à Lyon aujourd'hui, plus d'infos ici). La pomme de la discorde - l'argent public - n'est pas prêt à quitter les comptes des acteurs de l'art contemporain tant qu'il y aura un Ministère de la Culture.

Alors les détracteurs de l'art contemporain feraient peut-être mieux de l'ignorer et de proposer un art d'aujourd'hui et une critique d'art digne de ce nom. Nicole Esterolle, vous vous faites piéger sans même vous rendre compte...

La "logique culturelle", à laquelle obéit aujourd'hui l'art contemporain, résulte de la combinaison des nouvelles techniques, des médias et du marché de masse. [...] Si la crise de l'art contemporain est avant tout une crise du discours supposé, en principe, le prendre en charge, il revient à l'esthétique et à la philosophie de pallier cette faillite. [...] Rien ne fut plus préjudiciable à la réflexion esthétique récente que ce discrédit jeté sur la pensée et sur le concept dans leur tentative de comprendre et d'interpréter les oeuvres afin de saisir ce qu'elles suscitent comme expérience mais aussi comme méditation."***   
 

1509569_3_58e4_l-uvre-de-l-artiste-americain-andres-serrano.jpg 
http://www.pascalemarthinetayou.com/

Sur Piss Christ - Wikipédia article très récent

LE MONDE, Piss Christ : "Nous recevons des menaces de mort" - lisez aussi les commentaires!

 

______________
* Honney = miel en anglais

** Harold Rosenberg (1907-1978)
*** M. Jimenez (2009)

Partager cet article
Repost0
19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 13:00

liberte_delacroix.jpgL'idée forte que toute société démocrate permet aujourd'hui la libre expression et la libre initiative se révèle souvent une façade illusoire qui cache bien des habitudes bolchéviques et maccarthystes*. Les mêmes attitudes paranoïaques, le même cynisme, la même volonté d'instaurer la pensée unique au nom du grand principe totalitaire de l'endormissement des foules font toujours les méthodes de ceux qui touchent au pouvoir.

Il faut avoir beaucoup de courage pour garder sa liberté de penser, de dire et d'écrire, son sens critique et sa volonté d'agir, ce qui fait de nous des êtres libres. Nous, Actuartlyon, seul site indépendant et totalement gratuit, qui tient à jour l'agenda des évènements d'art en Rhône-Alpes et donne une visibilité aux artistes régionaux, nous revendiquons notre liberté d'expression.

Nous apprenons, sans étonnement hélas, que les oligarques des arts plastiques à Lyon n'apprécient guère notre initiative et qu'ils exerceraient des pressions sur les artistes avec lesquels nous avions établi des collaborations. Il semblerait que pour exister dans ce monde il faille faire partie du sérail ou faire allégeance à ce milieu fermé qui veut que rien ne change, qui ne donne aucune chance aux jeunes artistes. La Friche a disparu sous les pressions immobilières. Les espaces d'exposition sont accaparés par des commerçants ou par les gros évènements. Quant au Marché de la Création, qui devrait être un tremplin pour la jeune création lyonnaise, lui aussi est largement infiltré par les agents du milieu institutionnel aux conditions autoritaires aberrantes, aux commissions de censure, où les artistes eux-mêmes ne sont que les marionnettes du système. Et on osait rêver d'être Capitale Européenne de la Culture?!

Il paraît d'après la rumeur, qu’Actuartlyon se trouve sur la liste noire de certaines institutions. On se croirait encore dans les années '50 aux Etats Unis lorsque MacCarthy établit ses listes noires d'intellectuels, de cinéastes et d'artistes suspectés d'être les agents des soviétiques. Rien ne change donc dans nos sociétés, malgré les déclarations de ceux qui nous gouvernent, malgré la Charte de la Participation de Gérard Collomb. Le copinage et la cooptation** sont toujours d'actualité. Nous voulons rappeler à ceux qui ont l'habitude de faire ces listes noires qu'à ce jour des artistes attendent de pouvoir s'exprimer et participer aux décisions qui les concernent. Qu'ils sont en attente de perspectives et d'initiatives privées, désintéressées et non-subventionnées, comme nous continuons de le faire à nos frais: festival d'art dans le Gard, exposition en galerie, où la totalité des ventes est versée aux artistes sans qu'ils aient à participer de quelque manière que ce soit aux frais d'organisation.

Nous pensons à ce jour vivre dans un Etat démocratique et de droit et nous espérons que notre espoir ne devienne pas une illusion. Notre liberté tient à notre gratuité et notre désintéressement. Nos détracteurs sont toujours les mêmes, mais nous établissons de plus en plus de liens régionaux, nationaux et internationaux avec des artistes authentiques. Même si cela nous coûte très cher en argent et en énergie, nous développerons de plus en plus d'initiatives privées, sans avoir recours aux subventions, pour garder notre indépendance et notre intégrité et permettre au grand public de faire cette rencontre avec l'art. Car enfermer l'art dans une idéologie, dans une politique, dans des normes sociales ou religieuses, c'est le détruire. Il n'y a pas de civilisation sans art, peut-être est-ce une raison de l'accroissement des intégrismes, du nihilisme et de la décadence engendrée par notre société de consommation.

Mais notre site reste ouvert à tous!

 

_____________________
*Entre 1950 et 1954, en pleine période de « guerre froide », une véritable chasse aux sorcières sévit aux Etats-Unis, sur l’initiative du sénateur Joseph McCarthy. Cette campagne contre les communistes est si effroyable que le maccarthysme reste encore aujourd’hui le symbole de l’intolérance et de la peur aveugle. Car le maccarthysme est bien né de la peur de l’Union soviétique et n’a jamais reposé sur le moindre fondement rationnel. Durant quatre années, des catégories entières de la population ont été dénoncées et arrêtées, chacun étant considéré comme un ennemi potentiel de l’Etat.

**Robert Historique de la Langue Française: "élection pour compléter un collège", "admission exceptionnelle d'un membre" > "nomination d'un nouveau membre par ceux qui font déjà partie d'un groupe" (XXe siècle)

Illustration de l'article: Eugène DELACROIX (Charenton-Saint-Maurice, 1798 - Paris, 1863) Le 28 Juillet : La Liberté guidant le peuple, Salon de 1831 © R.M.N./H. Lewandowski (Louvre)

 

Partager cet article
Repost0
1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 09:50

Rien ne semble arrêter ce vent de justice, ce rappel à la liberté. Pourtant l'art semble pour l'instant épargné par ces mouvements tectoniques et cet embrasement populaire... Pour combien de temps encore? Faut-il s'en réjouir ou espérer une grande révolution?

Que se passe-t-il donc à Lyon dans le milieu des arts? Rien ou si peu. Faudrait-il attendre tous les deux ans pour croire que la capitale des gaulles, ville classée au patrimoine de l'UNESCO, se réveille dans un spasme culturel pendant la Biennale, pour mieux se rendormir ensuite?

Peut-on encore croire aux annonces sporadiques d'un ras de marée de nouveaux artistes sur le Marché de la Création qui amèneraient un vent de renouveau à ce lieu d'expression présupposée libre?

Verra-t-on Henri Chartier réveiller encore la rue Burdeau ou celle-ci se contentera, encore une fois, d'exister tous les deux dans à l'ombre de la Biennale?

CIMG0853.JPGSe réjouira-t-on longtemps de voir les époux Pons fouiller, des puces de la Feyssine à la cave poussiéreuse d'une boulangerie, pour dénicher des artistes inconnus du 20e siècle, des génies anachroniques? Et pour soutenir cette débauche d'énergie: à ne pas manquer une éclectique exposition de groupe jusqu'au dimanche 3 avril 2011. Merci Chantal et Patrick.

Sera-t-on surpris par l'art aborigène qu'une passionnée a fait voyager depuis l'Australie profonde pour l'exposer à la MAPRA à partir du 21 avril? Ou se verra-t-on étonné par cette exposition de street-art sur le plateau de la Croix-Rousse, à l'IUFM Confluences jusqu'au 29 avril?

Et combien de temps Artae, à la Fosse aux Ours, nous proposera-t-elle des artistes contemporains issus d'univers éclectiques et choisis avec soin? Actuellement Mourad Messoubeur jusqu'au 23 avril 2011.

CIMG0936.JPGMais, contre toute attente, ils osent, ils sortent des murs et trouvent un partenaire idéal pour amener l'art auprès du plus grand public, faute de pouvoir exposer dans leur rue. Les Champs Elysées ont eu Bottero, La Cité Internationale à Lyon a Toutain. Exposition de 12 oeuvres en résine jusqu'au 30 avril, en collaboration avec la galerie Nuances et Lumière, relayée à la galerie 4 cours de la Liberté avec Shemi & Toutain jusqu'au 23 avril 2011. Bravo la famille Azoulay!

Partager cet article
Repost0
23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 09:12

Printemps arrive, les acteurs de l'art s'éveillent! Depuis le début 2011 plusieurs courriers à teinte politique sont arrivés dans notre boîte aux lettres:

 

Ce qui confirme sans aucun équivoque que l'art, l'argent et la politique sont étroitement liés. Ils l'ont été d'ailleurs depuis la nuit des temps, puisque si les artistes du Moyen Age vivaient largement des commandes de l'Eglise, à la Renaissance l'art suivait l'Etat et les grands commanditaires privés, aujourd'hui il suit l'argent dans les nouveaux paradis financiers du Moyen Orient et de l'Asie. Donc rien de plus naturel!

Nicole Esterolle, vous pouvez écrire toutes les chroniques du schtroumpf, ceux qui ont le pouvoir financier et implicitement politique en feront toujours à leur guise. Bientôt il n'y aura d'autres lecteurs pour vos chroniques que quelques frustrés en mal de révolution. Vous allez lasser votre public si vous passez votre temps à vous quereller et à ne faire que dénoncer à tout va.

Votre contestation si vive contre l'art contemporain, devenu aujourd'hui art pompier - complètement institutionnalisé avec des unités décentralisées comme les Fonds Régionaux d'Art Contemporain - n'a rien de nouveau, nous l'avons dit maintes fois sur Actuartlyon. La querelle de l'art contemporain des années '90 en France n'a mené à rien, sinon à éloigner le grand public de l'art, comme aujourd'hui les déboires de nos dirigeants aboutissent à l'éloignement des électeurs de la classe politique. Et voilà qu'elle recommence!

D'une part, le problème de l'art en France est qu'il y a un ministère de la culture, ses Centres d'art contemporain, ses subventions qui tuent les initiatives privées et l'autonomie des choix artistiques, le formatage au niveau des institutions culturelles étant le même qu'à n'importe quel niveau administratif de l'Etat. Et nous insistons fortement sur ce constat, car nous avons rencontré des cas déséspérants, dont le comble est d'avoir à la tête de la Direction Culture de la Ville de Lyon une personne complètement étrangère aux thématiques supposées par ce poste...

D'autre part, comme seul l'art contemporain, par son polymorphisme et parfois son fort potentiel de scandale, permet aujourd'hui d'exister sur la scène médiatique, tous les richissimes de cette planète trouvent dans l'art contemporain l'objet sublime qui leur offre l'impression de suprématie sur leur semblables. Plus c'est cher, mieux c'est.  Seul art hors de prix encore disponible sur le marché - car l'art ancien, gelé dans les musées, soumis à des règles strictes de conservation du patrimoine national, est définitivement retiré du marché, du moins en France -, l'art contemporain profite à ces cercles fermés de ces oligarques qui ne savent plus quoi faire de leur argent, même si tous les centres d'art contemporain et les galeries qui gravitent autour des FRAC revendiquent haut et fort la volonté de rendre "accessible" et proche du grand public la création actuelle. D'ailleurs comment la définir, cette création actuelle?

Entre l'indifférence de ceux qui font le marché, la satisfaction des institutions et leurs satellites et la critique de leurs détracteurs comme Nicole Esterolle, QUI se soucie vraiment du grand public, de l'image qu'il reçoit et de la signification qu'il donne à l'art dit "contemporain"? Tout comme les dérapages des politiques font la une des médias, l'incompréhension et l'absurde font le scandale de l'art contemporain. Savoir pourquoi on poursuit Thierry Ehrmann pour sa Demeure du Chaos et on acquiesce à l'exposition de Jeff Koons à Versailles est complètement futile pour plus grand nombre. Il serait plus constructif de leur donner les clés de l'art!

Dans notre société basée sur le profit et sur l'individualisation, le souci des acheteurs est que l'oeuvre prenne de la valeur, que l'artiste remonte sa cote. L'estampille par excellence est celle de l'institution publique. Takashi Murakami l'affirme clairement: son exposition à Versailles fera grimper sa cote. Et la grande perversité du système est que les institutions publiques, les musées courent après les oeuvres rares alors qu'elles n'ont pas les moyens financiers pour se les offrir. Ils font alors la cour aux riches collectionneurs ou aux petits mécènes privés qui vont rêver de détenir symboliquement quelques millimètres carrés des Trois Grâces de Cranagh, ce petit panneau de bois de 37/24cm, oeuvre achetée dernièrement par le Louvre pour 4 000 000 €.

Le public, lui, est en attente d'émotion et à ce jour qu'est-ce qui leur donne cette émotion? Le cinéma, la musique, la danse, la littérature, le théâtre!!! Les arts plastiques?...

 

Partager cet article
Repost0
24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 22:00

prod_photo1_1204_1204018189.jpgAh Noël!!!... où il est de bon ton de faire tous les cadeaux qu'on n'a pas fait pendant l'année! Les acheteurs et les vendeurs d'affolent, les promotions et plans de com invahissent le marché. Pourtant combien de nous avons pensé à offrir un tableau? Et combien de temps avons-nous mis pour en choisir un?

"L'oeuvre d'art est un bien rare, durable, qui offre à son détenteur des services esthétiques (plaisir esthétique), sociaux (distinction, prestige), et financiers. Elle ne procure pas de revenus, mais, du fait qu'elle est un bien meuble, susceptible d'être revendu avec une éventuelle plus-value, elle constitue un objet potentiel de placement alternatif à d'autres actifs.*

Aujourd'hui tout le monde parle de la cote... Qu'il s'agisse des marchés ou foires d'art, des galeries, de l'artiste lui même, une proposition de prix est faite et, si cette proposition est validée par un achat, le prix payé fait référence dans la valorisation des oeuvres. Comme dans tout marché, ce prix est construit par les acteurs qui y interragissent.

billet_euro.jpgCes acteurs sont d'abord les richissimes chefs d'entreprise, les heureux héritiers, les institutions culturelles, à la recherche de l'ancien, du rare, de l'unique et pour qui l'achat d'une oeuvre équivaut le plus souvent à un placement financier, dont la valeur marchande atteint vertigineusement des milions d'euros. Marché à part, marché de l'art-naque?

Ensuite le collectionneur amateur, celui qui aime l'art, très pointu dans sa recherche, qui collectionne un style, une époque, un thème et qui connaît bien la cote des oeuvres qui l'intéressent. Il répond autant à ses émotions qu'à sa connaissance de l'art et du marché. Ici, les transactions peuvent atteindre les 10000€.

Et puis il y a vous, l'amateur tout court, dont l'émotion coûte rarement plus de 2000€. C'est à lui que nous nous adressons: quel prix, quelle oeuvre? Souvent poussé par le désir de décorer votre espace de vie, vous avez un coup de coeur. N'ayant ni les connaissances pointues d'un collectionneur, ni la fortune d'un milliardaire, compte tenu de l'offre abondante, comment choisir votre tableau, que ce soit un cadeau ou non?

chassis-cle-teinte-copie-2.jpgTraditionnellement répertoriés de 0 à 120 points selon leurs formats: figure, paysage, marine (F, P, M: voir tableau ci-dessous), les tableaux présentent au moins une invariable... heureusement. Pour apprécier la valeur d'une peinture, nous avons retenu un repère très simple: la valeur de 20€ le point: 15F=300€, 20F=400€, 25F=500€ et ainsi de suite.

 Si le tableau auquel votre regard s'est accroché coûte 400€ ou moins, votre coup de coeur est un coup de génie! Si le prix dépasse les 400€, 600€, 800€ voire 1000€, à ce moment là, ayez la démarche du collectioneur, poussez vos recherches et si le coeur l'emporte sur la raison, alors n'hésitez pas à acquérir cette oeuvre: bravo vous venez d'acheter un tableau! Si le prix dégringole au-dessus de 1000€, l'artiste dont l'oeuvre vous envoûté bénéficie déjà d'un parcours qui lui permet de coter son tableau à un tel niveau. Actuellement sur Ebay une belle gravure de Robert Combas est vendue à 2600€. Seriez-vous prêt à payer ce prix-là? Dans tous les cas, après votre première émotion, consultez aussi le parcours du peintre.

Cette mini cotation globale - de l'oeuvre, non pas de l'artiste! - vous servira-t-elle peut-être d'orientation dans le relief très accidenté du marché de l'art. Mais attention aux coups de coeur, qui souvent s'accomodent bien au canapé et au papier peint et qui un jour finissent au grenier!

N'oubliez pas, chers vendeurs, que la valeur d'une oeuvre est le prix que l'acheteur est prêt à payer pour l'avoir. Ne rêvez pas, cher acheteur, à acheter de l'art pour vous enrichir, seuls les déjà riches peuvent se le permettre. Acheter de l'art est comme le travail du forestier: il sème les graines de récoltes dont seules les générations futures profiteront.

POINTS    Figure      Paysage     Marine
0 18/14 18/12 18/10
1 22/16 22/14 22/12
2 24/19 24/16 24/14
3 27/22 27/19 27/16
4 33/24 33/22 33/19
5 35/27 35/24 35/22
6 41/33 41/27 41/24
8 46/38 46/33 46/27
10 55/46 55/38 55/33
12 61/50 61/46 61/38
15 65/54 65/50 65/46
20 73/60 73/54 73/50
25 81/65 81/60 81/54
30 92/73 92/65 92/60
40 100/81 100/73 100/65
50 116/89 116/81 116/73
60 130/97 130/89 130/81
80 146/114 146/97 146/89
100 162/130 162/114 162/97
120 195/130 195/114 195/97

__________________________
* Raymonde Moulin, "Le marché de l'art. Mondialisation et nouvelles technologies"

 

noel_boules_guirlandes-copie.jpg

 

Partager cet article
Repost0
14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 09:06

corneille jaffaCa y est, Corneille a rejoint Van Gogh, son rêve... "Corneille a arrêté de picorer les couleurs" écrivait Louis Chabaud sur son cahier de croquis, à Praz sur Arly samedi dernier.

Illustre fondateur de CoBrA, Corneille s'est éteint dimanche 5 septembre 2010. A la recherche permanente de la couleur, rejetant la forme, à l'encontre de la "propreté méticuleuse, de la netteté à la Mondrian", comme il l'affirmait lui-même, Guillaume Cornelis Van Beverloo se nourrissait du travail de Picasso et Miro.

Guillaume-Cornelis-van-Beverloo--Corneille-3.jpg"Corneille aime le travail préparatoire de la toile. Pendant qu'il cloue, ecolle, enduit, la peinture commence déjà à se "rêver". La toile blanche l'effraie. Pour déclencher le mécanisme qui lui fera réaliser sa peinture, il commence à tacher la toile vierge ou bien il esquisse un dessin, ou encore, il passe dessus un chiffon sale pour brouiller ce blanc "nu". (Michel Ragon)

Asger Jorn, 1945
Jorn__Asger_-_Didaska_II.jpgS'élevant contre le manichéisme figuration/abstraction d'après la deuxième guerre mondiale, CoBrA a rendu un culte éperdu à la nature, à la sontanéité, à la sincérité: Asger Jorn, Corneille, Alechinsky, Karel Appel, pour n'en citer que le noyau du courant. "CoBrA a été une école de liberté: liberté de la touche, de la tache, du signe; liberté de la matière jetée à pleines mains ou à la truelle sur la toile; liberté du matériau qui peut être aussi bien du papier journal que du papier japon, le mur de la maison loù l'on habite, une porte, un arbre, un rocher" (idem).

Partager cet article
Repost0
1 septembre 2010 3 01 /09 /septembre /2010 21:56

Si à la rentrée 2009 tous les lieux d'exposition de toute la région bouillonnaient pour figurer dans la liste des lieux en résonance de la Biennale de Lyon, un an après: la scène des arts plastiques fait un peu vide. Que vont nous concocter les lieux d'art lyonnais, musées et galeries, comment vont-ils s'y prendre pour exister sans l'écrasant rouleau compresseur médiatique qu'est la Biennale d'Art Contemporain, dans cette année paire, qui laisse la place au signe du corps en mouvement avec la Biennale de la Danse (coup de départ le 9 septembre 2010) ? Quels artistes feront-ils découvrir au grand public cette année?

En bref la rentrée démarre avec US TODAY AFTER la 6e édition de Lyon Septembre de la Photographie logo9ph2.jpg dès le 9 septembre jusqu'au 4 novembre et continue avec l'ouverture de l'exposition TRISHA BROWN au MAC Lyon le 11 septembre. Le Musée des Beaux Arts quant à lui, poursuit l'exposition d'été sur UN SIECLE DE PAYSAGES jusqu'au mois d'octobre et les deux JOURNEES DU PATRIMOINE le 18 et 19 septembre seront une rare occasion de visiter gratuitement des lieux d'art et d'histoire. Dès le 4 octobre le GRAND LYON FILM FESTIVAL nous offrira six jours d'histoire du cinéma.

Brainstorming de quelques évènements à Lyon et la région en ce mois de septembre:

carton bergignat copieGalerie Jean-Louis Mandon
Paul Bergignat
du 31 août au 25 septembre


InformationCROQUE1-copie-copie-1.jpgAtelier du Croque Mot
Eric Alfieri
du 1er au 30 septembre

jadikan.jpgGalerie WM
Jadikan
du 1er au 13 septembre

timthumbCA9FMEBY copieMAC de Pérouges
Geneviève Gourvil & Souad Natech
du 3 au 29 septembre


carton-20Charlelie3.jpgAdel Gallery
Charlélie Couture
du 7 septembre au 4 octobre

 

WOLIN.jpgFondation Bullukian
Jeffrey Wolin
du 9 septembre au 23 octobre

sobieski.jpgGalerie Olivier Houg
Tim White Sobieski
du 11 au 29 septembre

La-rentree-de-la-galerie-Le-Reverbere.jpgGalerie le Réverbère
Bernard Plossu
du 11 septembre au 20 novembre

la_guerre_17.jpgGalerie Henri Chartier
Thibaut Hazelzet
du 11 septembre au 30 octobre

le_lac_bleu_-3_personnages-_philippe_tardy-1.jpgGalerie Le Soleil sur la Place
Philippe Tardy
du 4 septembre au 5 octobre


lachaud.jpgGalerie Art Pluriel
Elodie Lachaud
du 18 septembre au 30 octobre

 

 

 

Bonne rentrée!


 

Partager cet article
Repost0