Nombreux furent ceux qui auraient voulu que rien ne change, d'ailleurs rien n'avait changé depuis des années. Dans son ronronnement hebdomadaire ensoleillé ou pluvieux, sous les platanes du quai Romain Rolland, avec souvent les mêmes acteurs sur la même scène jouant la même partition, le Marché de la Création de Lyon était devenu le lieu de promenade incontournable des lyonnais, baladeurs nonchallants du dimanche matin.
Mais la pérennisation de cette sclérose lente fut ébranlée d'une traite par la prise de conscience de quelques artistes qui croyaient encore dans la philosophie d'origine et qui osèrent se rebeller. La bataille fut rude, car entre les rumeurs, les commentaires antipathiques et les délations, la solidarité même des artistes fut reléguée aux oubliettes.
La peur des titulaires de voir le marché relancé par de nouveaux artistes et de perdre leur place douillette, le mépris d'une commission secrète qui vit son avis désavoué par ses supérieurs et refusa tout dialogue avec les artistes révoltés, l'impuissance d'une commissaire qui agit de manière incompréhensible, le tout couronné par le silence tombal de la mairie, tels furent les jeux de rôles de ce coup de théâtre.
Dénonçant la non-conformité du règlement avec les réalités artistiques, l’évincement arbitraire des nouveaux candidats malgré le nombre croissant de places vides chaque dimanche et le manque total d’organisation malgré les revendications de la commissaire et de la commission, les contestataires réussirent à se faire entendre par la presse et par la mairie.