Ca y est, Corneille a rejoint Van Gogh, son rêve... "Corneille a arrêté de picorer les couleurs" écrivait Louis Chabaud sur son cahier de croquis, à Praz sur Arly samedi dernier.
Illustre fondateur de CoBrA, Corneille s'est éteint dimanche 5 septembre 2010. A la recherche permanente de la couleur, rejetant la forme, à l'encontre de la "propreté méticuleuse, de la netteté à la Mondrian", comme il l'affirmait lui-même, Guillaume Cornelis Van Beverloo se nourrissait du travail de Picasso et Miro.
"Corneille aime le travail préparatoire de la toile. Pendant qu'il cloue, ecolle, enduit, la peinture commence déjà à se "rêver". La toile blanche l'effraie. Pour déclencher le mécanisme qui lui fera réaliser sa peinture, il commence à tacher la toile vierge ou bien il esquisse un dessin, ou encore, il passe dessus un chiffon sale pour brouiller ce blanc "nu". (Michel Ragon)
Asger Jorn, 1945
S'élevant contre le manichéisme figuration/abstraction d'après la deuxième guerre mondiale, CoBrA a rendu un culte éperdu à la nature, à la sontanéité, à la sincérité: Asger Jorn, Corneille, Alechinsky, Karel Appel, pour n'en citer que le noyau du courant. "CoBrA a été une école de liberté: liberté de la touche, de la tache, du signe; liberté de la matière jetée à pleines mains ou à la truelle sur la toile; liberté du matériau qui peut être aussi bien du papier journal que du papier japon, le mur de la maison loù l'on habite, une porte, un arbre, un rocher" (idem).