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QUESTIONS d'ACTUART

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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 13:59

La chronique n° 20 de Nicole Esterolle

Chro n-¦ 20 cortex sur pattes jpgMa précédente chronique disait les méfaits de la questionnite dans l’art contemporain et comment cette maladie du questionnement sur l’art entrainait la stérilisation de l’activité artistique au profit du discours sur celle - ci. .. Mais il faut parler aussi de l’un des effets corollaires de la questionnite : la pédagogite. Car en effet , "l'idéologie du questionnement en soi et pour soi", est devenue centrale dans l’enseignement des écoles d’art , où, dès lors, la célèbre boutade de James Joyce : « si tu peux faire quelque chose, fais-le ; si tu ne peux pas , enseigne-le » y prend tout son sens.

Ma précédente chronique évoquait aussi le rôle de la questionnite comme facteur de dématérialisation de l’art et de titrisation du néant pour la fabrication des produits artistico –financiers toxiques qui ont inondé la marché international…Mais il est nécessaire d’évoquer corollairement le rôle de la pédagogite comme facteur de titrisation du pervers pour la qualification de ces des innombrables professeurs toxiques et tordus du psycho-mental, agents du grand marché mondial de l’inepte, peuplant les écoles d’art et grassement payés par le bon peuple français pour abrutir ses enfants . (Une pédagogite qui, précisons le, a commencé à se développer au début des années 80, avec l’entrée en masse comme professeurs d’école des Beaux -Arts, de questionneurs - interpellateurs subversifs en tous genres de la peinture , tels que les gens de support-surface qui théorisaient à s’en faire péter les neurones, en peignant sur le châssis même, à l’envers de la toile ou sur toile mais sans châssis, pour subvertir l’art bourgeois et soutenir les classes défavorisées… mais qui aujourd’hui, retraités grassement payés et avachis des neurones , ont des cotes fabuleuses sur le marché du Financial art alors que les classes défavorisées le sont encore plus et que les autres artistes sont encore plus misérables … merci Support surface pour votre héroïque participation à la lutte des classes);

Et c’est ainsi que des milliers de jeunes gens normaux, sains de corps et d’esprit, artistiquement doués, doivent chaque année fuir les Ecoles des Beaux-arts pour sauvegarder leur intégrité mentale et physique …et laisser toute la place aux futurs schtroumpfs émergents, que Nicolas Favre (dont je vous joins le mail ci-dessous), appelle «cortex sur pattes».

Je vous joins donc une photo d’une oeuvre que j’ai trouvée à la FIAC 2011 et qui représente exactement le petit cortex sur pattes ou schtroumpf émergent à son degré ultime de cérébralisation. Je vous joins le lien avec la fameuse galerie bordelaise (la seule galerie française dit-elle, à être acceptée en Foire de Bâle) opportunément nommée « Cortex Athlético », proche tout à la fois et comme par hasard du CAPC, de l’Ecole des Beaux-Arts et du FRAC aquitaine : http://www.cortexathletico.com/. Je vous joins enfin le témoignage à la fois émouvant et drôle, que m’a envoyé Nicolas Favre sur ses mésaventures à l’Ecole des Beaux-arts de Bourges. On y voit comment un jeune peintre au travail très estimable, un homme sain, positif, joyeux (voir la photo de lui dansant dans son atelier), est humilié, bafoué, disqualifié par ces sinistres et prétentieux pédagogues du néant:

chro n-¦ 20 FavreChère Nicole, vos lignes sont les mots mis sur ce que je n'arrive pas à verbaliser depuis des années, et cela m'apporte beaucoup d'apaisement de vous lire. Je tenais à vous remercier pour cela. Merci aussi de mettre un nom sur ces produits du système! Moi j'employais le terme de cortex sur pattes.

De 1996 à 1998, dans l'usine à schtroumpfs de Bourges ou je m'étais retrouvé pour - m'illusionnais-je alors - expérimenter la peinture auprès de maîtres, j'ai été confronté à cette ineptie. J'ai assisté pendant deux années, tous les mois de juin, à la mise bas de cette curieuse bête . En effet, au bout de cinq années de gestation, cette institution accouche inlassablement de clones qui s'empressent d'aller pointer à la DRAC ou au FRAC. Alors moi je suis entré en résistance, et devant ce régime totalitaire où je risquais le camp de concentration pour insubordination et non conformité avec la politique artistique, je suis passé en zone libre. Alors je me suis plongé dans la matière, dans la couleur, j'ai nagé dans la peinture, oubliant et refusant toute intellectualisation, j'ai fait mon expérience en marge de l'artistiquement correct. En laissant ma tête de côté, j'ai ressenti ô combien l'expérience de soi est engagée dans la transformation de la matière, pour peu que l'on prête attention à ce que nous enseignent nos tripes, et j'ai senti la poésie de Bachelard vibrer : " en transformant la matière, nous nous transformons nous-même". Et puis, affamé par des années d'errances, en juin dernier, je suis retourné dans la gueule du loup me faire dévorer. Pour alimenter l'alimentaire, mon cher Watson, j'ai décidé de repasser cette chose nommée DNSEP ( Diplôme National de Schtroumpf Emergent Professionnel), par la Validation d'Acquis d'Expérience. Je pensais niaisement que la politique avait changé, que l'on accueillerai mon travail de façon objective.... Je me suis plié donc à l'exercice impensable de Schtroumfiser mon travail, et, pendant un an, j'ai travaillé à intellectualiser l'inintellectualisable, à faire rentrer du sensible, de l'invisible, de l'émotionnel, dans une toute petite boîte réductrice, castratrice. Cela m'a fait l'effet de capturer un papillon et de l'enfermer dans un bocal. Je me suis fait "coaché" par une schtroumpfette de cette usine de Rueil-Malmaison, qui m'a dit un jour ne rien comprendre à ma manière de parler de mon travail.... nous ne parlions tout simplement pas le même langage. Je voyais bien qu'il y avait quelque chose qui clochait. Le jour de l'examen, c'est devant cinq schtroumpfs ( installateurs, directeur d'école d'Art, historiens de l'Art) médusés par le non-intérêt de mes propos ( dixit le président du jury lors du débriefing téléphonique) que je me suis fait manger tout cru, comme le petit chaperon rouge. J'ai vraiment ressenti à ce moment le caractère politique de ce que ces écoles appellent l'Art, et je me suis senti encore une fois comme un opposant au régime. La politique définit les règles de l'Art, tout ce qui n'entre pas dans ces clous n'existe pas...Ce que m'ont renvoyé ces personnes ce jour là est justement cela : votre travail n'existe pas. "Votre peinture va mourir" m'a dit un des schtroumpfs, approuvé fidèlement par les autres. Eh bien ne lui en déplaise, ma peinture émerge, palpite, vit, et résistera toujours tant qu'il faudra se battre pour lutter contre cette "connerie subventionnée", pour reprendre un terme lu plus haut. Si eux sont des Schtroumfs, je suis du côté du village des irréductibles gaulois Je peins, persiste et signe, je m'appelle Nicolas FAVRE Et merci pour cet espace d'échange contact@nicolasfavre.com www.nicolasfavre.com

Reçu en dernière minute: ce magnifique témoignage

Bonsoir, "je ne m'attendais pas à ça". Ce sont les mots d'une étudiante Erasmus d'un pays de l'est qui a dit ça à un professeur cette semaine. Effectivement, moi qui suis français franchouillard, en venant aux beaux-arts, moi non plus, je ne m'attendais pas à ça. Je ne m'y attendais tellement pas que je n'y arrive pas, à en devenir cinglé. Voyez-vous, j'ai déjà un bagage un peu fourni, je ne sors pas directement du lycée. Donc réorientation oblige, j'ai l'esprit à vouloir plus de libertés puisque mes anciennes études d'allemand ne m'apaisait pas. J'ai fait une prépa où déjà là, je sentais un clivage se former petit à petit. Et pourtant, à y réfléchir, cette prépa était largement plus stimulante - car elle n'a d'autre raison de vivre que de vouloir expérimenter des choses. Là où j'ai atterri (une école dont on dit qu'elle a très mauvaise réputation, même si c'est une des premières de France), j'ai soudain senti le poids, la présence des Autres autour de moi: des gens, qui, lancés dans les sujets, lancés dans leur création, se foutant royalement de ta personne, dévorant tout cru idée après idée, élève après élève, centimètre d'atelier après centimètre d'atelier. L'année fut difficile, autant plastiquement qu'humainement à en devenir un Playmobil, figurine de plastique aux bras mouvants mais à la tête creuse. Je ne suis seulement qu'en deuxième année. Enfin, je retape ma deuxième année. Incapable de prendre une décision, incapable d'assumer les petits trésors d'idées que j'ai en moi (et j'en ai un paquet), incapable de lever la main pour commencer à les réaliser, par peur du résultat, mais surtout de ce que l'on va en dire. Cette situation est proprement scandaleuse, j'en deviens devenu fou (un coup de nerfs a d'ailleurs accéléré je pense ma calvitie). On nous dit qu'en deuxième année, l'heure est à l'expérimentation. Moi, je le dis, je n'ai expérimenté qu'en prépa, là où on réfléchissait à peine sur le discours de l'objet et les recherches. J'étais un chercheur, pas un Playmobil. Aujourd'hui, l'année a recommencé. Je suis à nouveau là parce que je veux arriver à explorer mes idées. Je sais qu'elles sont à moi, parce que j'ai un bagage, mais surtout parce que j'ai l'intelligence de me rendre compte à quel point l'école des beaux-arts française me formate. Suis-je maso ou simplement incapable de savoir ce que je veux? Je ne saurai répondre car ceci est une affaire privée. La France est un vieux pays à l'idéologie axé sur le nouveau, oubliant complètement ce qu'elle a été capable de faire: des choses fortes, complexes, belles (ce mot est honni), où le discours ne se forme qu'avec le spectateur. Et quand quelqu'un arrive à le faire, à créer quelque chose de beau, on lève le doigt en disant "non ça ne va pas", ou "ferme ta petite gueule, tu es jeune". Parfois, souvent pour ceux qui n'ont aucun problème d'égo, on leur dit "tu es le meilleur de ta promo", "tu es un artiste, tu peux tout te permettre". Quand on me dit ce genre de choses, moi, je réponds "ah non, je ne suis qu'étudiant, je veux apprendre des choses, pas acheter des chaussures taille 53". Mais ça ne marche pas ici, le discours prime, et je déprime. Je ne sais pas bricoler (oui, je fais partie de ces gens-là), je ne suis pas peintre, ni sculpteur, ni vidéaste. Non, moi, mon truc, c'est le dessin, mon dada c'est l'imaginaire. Le grand drame que ma prépa (que j'adore vraiment), c'est qu'un prof m'a dit au tout début "arrête de dessiner comme ça". Je dois réellement être maso, parce que je l'ai écouté (et aussi parce que je me suis dit que c'était le moment de tenter d'autres choses). Les gens qui me connaissent peuvent dire de moi que je réfléchis constamment. Je veux dire, je ne fais que ça: un geste, une action, une parole, un dessin, tout est pour moi sujet à réflexion. Et quand je commence à réfléchir, je suis comme qui dirait passionné. Je suis de facto UN PUR PRODUIT DES BEAUX-ARTS: je peux tourner toute chose en matière à réflexion, en littérature, en sens insensé. Je peux, j'ai du charisme. Mais en fait tout ce que je veux moi, c'est dessiner. Mes aspirations sont aux beaux-arts de plus en plus précises, saines (selon mes critères esthétiques): du dessin, du texte, de la photo. Mon petit univers à moi, sans discours préalable, mais avec de l'humanité, du beau, du sens, à ma manière. Moi tout simplement. Les beaux-arts te font oublier tout ça, ils te font oublier que tu es capable de choses patientes et folles, de créations imaginaires et non pas d'images politiques. Il y a cette phrase qui n'arrête pas de revenir en ce moment, "la lucidité tue". Mince, moi qui rêvait d'être aux beaux-arts. Je ne m'attendais pas à ça. V.B.

Vous pouvez par ailleurs suivre l’actualité toujours passionnante du schtroumpf émergent sur la scène artistique internationale en allant sur le site : www.schtroumpf-emergent.com Ce site vient d’être remodelé pour mieux accueillir vos réactions et commentaires. Cette chronique est envoyée régulièrement à 9000 journalistes , diffuseurs d’art et décideurs institutionnels en France. Jetez un oeil sur Google en cherchant "schtroumpf emergent"avec les guillemets pour une recherche exacte (pas les Schtroumpfs bleus). Il y a plus 1850 sites qui parlent du schtroumpf emergent . Google a même créé un sommaire pour le site. Cliquez sur ce lien : http://www.google.fr/#hl=fr&sugexp=kjrmc&cp=20&gs_id=3n&xhr=t&q=%22schtroumpf+emergent%22

 

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