Impossible de passer rue Burdeau et ne pas s'arrêter à la galerie Anne-Marie et Roland Pallade, dont la vitrine nous renvoie le reflet de plusieurs grandes toiles de Vladimir Velickovic. Noir, violet, gris et rouge sont les seules sonorités plastiques de cette peinture de paysages calcinés, grandeur nature, qui remue les entrailles. Entrailles béants, d'où la vie s'échappe avec une lenteur insupportable. Nous y sommes, abasourdis, repliés sur nos imaginaires, sur notre capacité empathique, comme devant une icône. Corps morcelés, visages mutilés, becs et gueules à l'affut de la chair saignante, arbres squelettiques illuminés succinctement par des déflagrations momentanées.
"Ce sont les feux qu'engendrent les batailles. Ils marquent aussi la fin de l'action. Le paysage est déserté. C'est un espace significatif de ce qui s'est passé. En fait, je peins ce que l'homme fait à l'homme. C'est alors que viennent les oiseaux, les corbeaux ou les vautours. Les feux sont les signes de la violence subie." *
Témoin des atrocités perpétrées par les nazis durant la deuxième guerre mondiale en Yougoslavie, alors âgé d'à peine 8 ans, Vladimir Velickovic porte sur ses toiles la mémoire d'hier mais aussi celle d'aujourd'hui. "Si âpre et si belle est sa peinture. Et si dure qu'elle tue la mort." **
VLADIMIR VELICKOVIC, peintures et dessins
Jusqu'au 27 novembre 2010
Galerie Anne-Marie et Roland Pallade
35 rue Burdeau 69001 Lyon
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* Vladimir Velickovic, ART ACTUEL février 2010, propos recueillis par JP Frimbois
** Christian Noorbergen, ARTENSION mars 2010