"Peindre, sculpter… Oui. Mais quoi et surtout pourquoi ? Je n’oserais dire pour qui." Et nous n'oserons mieux dire que l'homme qui est depuis deux ans à la tête du plus ancien salon annuel d'art de Lyon, Jean-Jacques Cesbron.
De la "Baraque" Place Bellecour des premiers salons dès 1887 jusqu'au Quai Bondy à partir de 1904, le Salon de Printemps a vu passer des noms qui font aujourd'hui l'histoire de l'art français: Puvis de Chavannes, Louis Carrand, François Vernay, Tony Tollet... pour n'en citer que les plus connus par le plus grand nombre.
En 2011, que pouvons-nous retenir du salon de la SLBA? Un véritable travail d'image visible dans les supports de communication, une stratégie de sélection qui a divisé par deux le nombre d'exposants en deux ans, une dynamique d'autofinancement soutenue sans relâche par Marielle Chaumeron chargée de promotion et de publicité. Nous regrettons d'ailleurs que la Ville de Lyon n'accorde pas la gratuité de la salle pour notre plus ancien salon.
Cependant ce vent nouveau soufflerait-il en profondeur? La question que nous avons posée au président de la SLBA lors de notre première rencontre l'an dernier: à quoi sert le Salon de Printemps, à exposer chaque année les mêmes membres sociétaires ou bien révéler un panorama de nouveaux talents, parrainer l'éclosion de jeunes artistes qui n'attendent que cela?
Même si depuis 2010 une deuxième commission extérieure à la SLBA se joint pour la sélection des exposants, le jury interne reste le même, chapeauté par son président qui, semble-t-il, a sa cimaise réservée tous les ans. Nous trouvons étonnante la révérence faite de plus en plus aux galeries qui occupent le tiers de l'espace d'exposition et qui y présentent leurs artistes. Se démarquer parmi les autres expositions collectives qui s'installent Quai Bondy reste quand même très difficile, d'autant plus que l'accrochage est pratiquement le même, pour tous les salons, tous les ans.
Nous avons pourtant repéré quelques agréables surprises au niveau des artistes exposés. D'abord une touche contemporaine avec Walter Romani (voir vidéo), soutenu par Giovanna Giusti, responsable du Département d'Art Contemporain du Musée des Offices. Puis un éclectisme assumé du commissariat d'exposition, d'où nous aimerions mettre en exergue les encres trompeuses de David Trouilloud, les peintures dynamiques de Romane Villemonte, les sculptures métalliques de Jean-Luc Pasinetti (ci-dessus) ou les tableaux de coquillages de France Gignoux (ci-contre)...
Il y a presque 120 ans sur la Place Bellecour, sous le chapiteau en bois, les organisateurs du salon faisaient rentrer les visiteurs par séries pour régler l'affluence, aujourd'hui les quelques aficionados qui osent encore monter les marches du Palais affluent plutôt le soir du vernissage ou les dimanches après-midi. Quid donc du grand public... lorsque l'entrée est payante?!?! Et au combien le grand public est en attente de l'art, nous l'avons constaté avec l'exposition Tabou & Totem le mois dernier, seulement surprenons-le et accordons-lui l'attention qu'il mérite!
Mais le monde ne s'est pas fait en un jour, comme le Salon de Printemps - nouvelle génération ne se fait pas en un an. Nous osons croire que les salons d'art arriveront un jour à s'affranchir de cette image douceâtre saupoudrée de prix honorifiques qui font le bonheur de ceux qui cherchent à rallonger leur curriculum vitae ou redorer leur cote.
Pour conclure, nous souhaitons à toute l'équipe organisatrice de réussir dans toutes ses tentatives révolutionnaires, il y a du pain sur la planche!