Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Rechercher Un Sujet (Articles)

QUESTIONS d'ACTUART

point-d-interrogation_7692_w300.jpg
14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 20:36

quesepassetil.gifComme nous avons fait jadis de Nietzsche un antisémite, nous faisons aujourd'hui de Ben un excédé égocentrique et de Matt Mullican un charlatan ésotérique. Comment en sommes-nous arrivés là?

"Si la nostalgie à l'égard de l'art du passé est compréhensible, une telle mise en cause de l'art actuel court le risque d'une simplification extrême. Elle repose sur des amalgames injustifiés qui renforcent le discrédit affectant, souvent sans nuance, la totalité de la création contemporaine." *

Comme prévu, nous avons continué à publier La chronique de Nicole Esterolle, qui nous a permis de lancer aussi le débat de fond sur l'art. La dernière chronique s'est un peu fait attendre, puisque nous attendions de vraies propositions, un débat constructif, le dépassement de simples variations du thème récurrent: l'art et l'argent. Eh bien, cette dernière chronique ne nous a pas du tout convaincus, même au contraire.

2008-07-01-dollar.jpgDénoncer l'argent dans la culture c'est déchirer un mur de papier, enfoncer une porte ouverte. A Rome au Moyen Age, à Venise à la Renaissance, à Paris au 19e siècle, à New York depuis les années '40, à Shanghai en 2010... l'art à toujours suivi et l'argent et l'institution. La France, centre de l'art mondial, est donc bien loin. En sommes-nous frustrés, pour brandir la devise du régionalisme, comme le fait cette chronique?

Aujourd'hui le marché de l'art français ne représente que peu de chose par rapport au marché mondial. Gérard Garouste, avec sa charmante franchise, le disait lui-même lors d'une récente émission télévisée, en parlant du prix de ses tableaux: à 200.000 €, ses tableaux ne valent pas grand chose sur le marché international: /Pourquoi pensez-vous que l'investissement dans l'art se joue ailleurs? Le marché français n'est pas assez cher pour attirer les artistes et les capitaux privés!/. Même Christian Estrosi, nostalgique de "Paris, capitale de la mode", a bien été obligé de faire ses plus beaux sourires en janvier dernier à Anna Wintour, qui n'est, déontologiquement parlant, qu'une journaliste newyorkaise, pour débattre de la relance de l'industrie de la mode en France. Terrible!

mullicanman.jpgPour revenir à l'art contemporain qui a suscité cette controverse d'arrière-garde, disons-le franchement, et à Matt Mullican, cet artiste californien qui nous inspire plus une tendance d'art singulier que d'esotérisme, nous nous demandons comment des "critiques d'art" peuvent s'exprimer sur un sujet sans le connaître, sur la base de bribes trouvés sur Google, sans même avoir parlé avec l'artiste?

Rejeter l'art et les artistes contemporains en vertu du seul fait de leur récupération par l'institution, en absence de toute analyse, semble prévoir non pas la mort de l'art mais la mort de la critique d'art, qui tombe elle-même dans le piège de la médiatisation, synonyme d'éloignement. Entre la nécessité du discours explicatif et l’incitation à la pure émotion intérieure du spectateur, l’art contemporain se trouve peut-être dans une impasse esthétique, entre sensible et intelligible, car le langage plastique ne se suffit plus à lui-même, il n’est plus un élément immanent de l’oeuvre d’art.

220px-AestheticaSi les critiques eux-mêmes sont défaillants par rapport à la production artistique d'ici et de maintenant, nous ne voyons plus aucun espoir pour cette "presque" science qui vit le jour en 1750 avec l'Aesthetica de Baumgarten et qui aujourd'hui est en panne de critères, de concepts, qui tourne en rond, car dépassée par l'art lui-même. Prenons seulement le cas de Ben, sur qui même les conservateurs des plus grands musées de la Terre n'ont plus rien à dire! (lire aussi Ben j'adore!)

"Outil pédagogique, argument théologique, instrument de propagande, copie de la nature, apparence inoffensive, reflet de la réalité, projections de fantasmes, passion narcissique, objet de plaisir, moyen de connaissance, l'art a toujours été le jouet de la philosophie. La philosophie, toutefois, prend ce jouet au sérieux, peut-être secrètement jalouse de l'artiste, capable de saisir d'un geste, d'une couleur, d'un simple accord ce que le discours et les concepts ne parviennent jamais vraiment à exprimer." **

_____________________________
* M. Jimenez, La querelle de l'art contemporain, 2005
** M. Jimenez, Qu'est-ce que l'esthétique?,1997

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires