La chronique sauvage de Nicole Esterolle
Taupinière et palissade
Payées par le contribuable français, voici deux œuvres de l’artiste Hans Schabus : un tas de déblais obtenu par le creusement d’un tunnel entre son atelier et la galerie de son marchand et puis la palissade en planches de bois qu’il a construite l’an passé devant le FRAC-Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne.
Le texte suivant explique la « démarche créatrice» de l’artiste :« A travers ses sculptures, volumes architecturaux, actions, vidéos et photographies, Hans Schabus s'intéresse aux notions d'espace, de perception des réalités spatiales de toutes sortes, aux mouvements dans un espace donné. Il visite, explore les espaces, il modifie, déstructure et restructure les lieux afin de modifier les repères conventionnels, les siens et/ou ceux du public. Il propose ainsi la possibilité d'une fuite perceptive et existentielle par une nouvelle appréhension de l'espace et des lieux »…
Dans ces conditions, et au point où l’on en est dans ce domaine de l’art d’État, , on est en droit effectivement de se poser la question de savoir si on peut et même si l’on doit « sauver » la culture.
Peut-on encore « sauver » la culture ?
Hans Schabus, est le prototype de ces innombrables artistes « émergents - sur-la-scène-internationale » , qui fournissent en produits certifiés d’origine contrôlée par le Ministère et labellisés « pur art contemporain », les musées, les FRACs, les centres d’art, les galeries et les lieux subventionnés, dédiés à cet Art … Il n’est pas le pire des représentants de cet art officiel dit contemporain …
Je pense à cet artiste chinois qui dévore en public des fœtus humains bouillis, à cet autre français qui faisait des boudins de son sang pour le faire manger à ses amis et qui a obtenu grâce à cela un poste de prof à l’Ecole des Beaux-Arts de Nancy, à cet autre qui coupe des vaches en rondelles, à cet autre qui suspend un énorme homard dans la Galerie des Glaces du Château de Versailles, à cet autre obsédé copain de Verney Caron qui couvre tout ce qu ‘il voit de rayures noires et blanches, etc., etc. Je pourrais vous faire une liste cinquante pages de ce genres d’extravagances payées par l’Etat français ou les collectivités locales aux ordres de leurs DRAC respectives.
Et il y a manifestement un gros sujet d’inquiétude avec cet art contemporain –là, et avec tous ses protagonistes, qui ne vont évidemment pas bien ni du cœur, ni de la tête ; avec l’extension de cette pandémie mondiale de l’inepte en art (en liaison étroite d’ailleurs avec l’inepte économique au niveau mondial).
Il est donc grand temps de prendre cela très au sérieux et de considérer ces œuvres , non plus comme vecteurs de rêverie poétique, d’élévation, de rédemption ou de transcendance, mais plutôt comme signes d’une grave régression , d’une profonde perturbation de l’esprit, de l’affect, des repérages sociaux et spatio-temporels, comme symptômes d’une sorte de pathologie très particulière liée au délabrement général des repères psycho-familio-économico-sociaux.
Perturbations spécifiques aussi des situations d’enfermement, où les individus s’entre-dévorent, font des trous et des palissades justement, s’agitent, hurlent à la culture pour justifier leur appointements, urinent partout pour subvertir le bourgeois, jargonnent pour ne rien dire, délirent à qui mieux mieux. Et il nous faut bien admettre , en effet, que le dispositif institutionnel art contemporain, qui , depuis trente ans se consolide dans cette situation de repliement autistique et totalitaire , n’est pas pour rien dans l’extension de cette pathologie…comme l’étaient l’appareil soviétique, le système de Père Ubu ou celui du Père Ceaucescu, il n’y a pas si longtemps.
Alors il faudrait , puisque nous sommes en démocratie et en pays des Droits de l’Homme et de la Sécurité Sociale, nous préoccuper de ce phénomène. Il faudrait sauver tous ces gens d’appareils, toute cette monstrueuse faune artificielle proliférant à l’intérieur et autour des tuyaux d’alimentation en argent public, tous ces intégristes de l’art, tous ces communautaristes, ces talibans incultes (pas un seul qui connaisse Eduardo Cremonini – je pense à lui parce qu’il vient de mourir- ami de Umberto Eco, Alberto Moravia, Italo Calvino et de centaines d’artistes et d’écrivains qui ont fait l’art de la fin du 20e siècle), talibans décérébrés qui sont plus à plaindre qu’à blâmer pour la plupart ; il faudrait d’abord les désarmer, puis les aider, les réintégrer socialement, les désintoxiquer, les réhumaniser, leur réapprendre l’histoire de l’art, la vie, l’amour du prochain, la beauté du monde.
Pour cela il faudrait arrêter de subventionner leur délire destructeur, leur subversivité de pacotille, et consacrer l’argent des subventions non plus à entretenir ainsi une nécrose dont on connait maintenant bien la nature, mais à la soigner.
Mais quand vous proposez cela à un politique, qu’il soit de droite ou de gauche, d’en haut ou d’en bas, il dit : « Je ne sais ni ne comprends rien à l’art contemporain, mais ce que j’ai compris, c’est que ces gens sont des chercheurs, des expérimentateurs de pointe… Leur couper la perfusion d’argent public, ce serait comme si on arrêtait de financer le CNRS » !
Et c’est ainsi , qu’en entendant ça, consterné, on est amené à penser que la culture ne sera paradoxalement sauvée que lorsqu’il n’y aura plus d’argent pour elle dans les caisses de l’état, et que, dans cette situation , on sera bien obligé d’arrêter de prescrire bêtement le symptôme au nom de la recherche médicale de pointe, de cesser d’alimenter les fibromes artistiques , les oedèmes, et autres enflures culturelles au nom de la sauvegarde des emplois bidon et d’on ne sait quel rayonnement culturel hautement nocif pour la santé mentale des citoyens de ce pays.
Nicole Esterolle
(j’ai proposé mes chroniques à divers quotidiens, hebdos, mensuels, gratuits ou payants, culturels ou profanes de Lyon… Mais tous ont refusé de les publier. Alors j’ai décidé de les passer gracieusement et régulièrement par internet aux divers acteurs lyonnais de l’art et de la culture)
Ouvrir son reg-art
« Déconcertant, dérangeant, scandaleux pour certains, innovant, inventif pour d’autres, ce jeu est bien peu de chose comparé à ce que le monde dans son organisation actuelle est capable d’engendrer. Quoi que fassent les artistes contemporains, leurs œuvres les plus incongrues, les plus provocantes et en apparence les plus barbares ne sont guère en mesure de concurrencer en atrocité et en épisodes sanglants le réel tel que nous le renvoie quotidiennement son écho médiatique et électronique : victimes déchiquetés par les attentas, otages suppliciés, prisonniers torturés, violés, égorgés ! » [1] lire la suite