par Nicole Esterolle
Ca y est : la colonne de casseroles de 7 m de haut que l’artiste Pascale Marthine Tayou avait installée dans l’église Sainte Bonaventure (voir mon précédent communiqué ) vient d’être fracassée par ce que l’on soupçonne être un groupe de cathos intégristes. Ainsi, la profanation escomptée s’est bien produite, le scandale a bien éclaté, et tout ceci pour le plus grand profit médiatique de l’artiste, du musée d’art contemporain, du curé de la paroisse et de la ville de Lyon .
Il y a eu en effet des articles dans tous les journaux régionaux et nationaux et une double page dans le Monde où l’attentat de Lyon est associé à celui, concomitant, d’Avignon (où l’on a vu, à la fondation Lambert , la fameuse photo d’Andrés Serrano - celle du Crucifix trempé dans l’urine - également fracassée par le même type de cathos présumés fachos .). L’opération de com’ a donc fonctionné à merveille et les différents concepteurs et promoteurs du tas de casseroles s’en frottent les mains, car, au prix où sont actuellement les espaces publicitaires, l’ensemble de la surface gratuitement consacrée au récit de cet événement dans tous les médias, doit bien représenter quelques centaines de milliers d’euros.
Alors, bien sûr, ce que l’on pourrait attendre de ces médias, de ces commentateurs, de ces journalistes, plutôt que d’être les complices passifs de cette grosse opération de communication sans contenu artistique, c’est qu’ils effectuent un vrai travail d’investigation, d’information et d’explication; c’est qu’ils fassent leur boulot, c’est qu’ils essaient de s’informer et de nous informer sur les véritables enjeux en amont, sur les bénéfices sous-jacents des différents protagonistes de cette histoire.
Voici ce qu’ils auraient pu expliquer et dire, si l’omerta oppressive qui règne en matière d’art contemporain ne les rendait pas tout avachis de la plume, du cœur et du cerveau:
- 1- Expliquer pourquoi c’est un curé réputé pour ne rien sentir ni comprendre à l’art, qui a accepté le deal avec l’artiste et le MAC Lyon, et comment cette méconnaissance de l’art - et peut-être de la foi chrétienne - le place ainsi aux avant-gardes des deux. Savoir si l’utilisation d’un édifice public à des fins de mise en scène personnelle avait l’assentiment de sa hiérarchie et de ses ouailles. Expliquer en quoi cette colonne de gamelles atteint un niveau record d’irrespect envers la dimension sacrée de l’art, envers la foi des bâtisseurs d’églises et de cathédrales. Dire que 95% des paroissiens (et des lecteurs de journaux) qui ont réagi sur internet, ont exprimé leur désaccord sur la présence de cette colonne, sans être pour autant d’affreux intégristes, et sans qu’on tienne compte de leur opinion, etc.
- 2- Dire qui est cet artiste opportuniste qui joue à fond la carte de l’africanité pour se placer dans les réseaux de l’art international, qui utilise cyniquement le thème de la misère africaine pour fabriquer un produit de haute spéculation artistico –financière, qui hurle au racisme anti-black dès qu’on conteste la validité artistique de ses tas de matelas , de parapluies, de tables, de chaises de poubelles, de casseroles, de détritus divers, etc. Expliquer pourquoi il avait besoin de cet alibi du curé de Sainte Bonaventure, et pourquoi l’attentat dont son oeuvre a été l’objet va augmenter considérablement sa cote sur le marché du Financial Art des collectionneurs milliardaires.
- 3- Dire le profit que va en tirer la ville de Lyon pour son image de cité en permanente effervescence culturelle et à la pointe du combat pour l’art contemporain de haut niveau
- 4- Dire pourquoi le caractère très souvent provocateur, transgressif, sacrilège, blasphématoire et scandaleux de l’art contemporain est indispensable à son efficacité médiatique, parce que cet art est avant tout conçu comme vecteur et stratégie de communication. Et, dans cette optique, expliquer pourquoi le sujet religieux est particulièrement apprécié pour faire du buzz et du pognon, puisque les deux sont intimement liès. Rappeler l’existence de ces quelques artistes parmi les plus chers du monde parce que les plus performants dans l’outrage aux symboles religieux : Maurizio Cattelan et son Pape écrasé par une météorite, Andrès Serrano et son Crucifix trempé dans son urine, Chris Ofili et sa Vierge Marie à la bouse d’éléphants, Martin Kippenberger et sa grenouille crucifiée, etc. Rappeler aussi le cas d’une grande prêtresse de l’art contemporain en France, notoire fornicatrice débridée devant l’éternel, qui se vantait d’avoir copulé avec tel grand galeriste parisien sur l’autel de l’église de Saint Germain des Près…
- 5- Expliquer pourquoi et comment le Musée d’Art Contemporain de Lyon s’inscrit totalement dans cette logique de com’ sans foi ni loi d’abrutissement des populations, d’instrumentalisation cynique de l’art et de la foi chrétienne, sous prétexte de rayonnement culturel .
- 6- Expliquer enfin aux politiques et cultureux de tous bords comment et pourquoi, grâce à eux, cette misérable histoire de casseroles empilées dans une église de quartier va gratifier Marine Le Pen de quelques milliers de voix supplémentaires sur la ville de Lyon.
Vous pouvez par ailleurs suivre l’actualité toujours vivace du schtroumpf émergent sur la scène artistique internationale en allant sur le site : www.schtroumpf-emergent.com
Illustration de l'article: Colonne Pascale, 2010 - Courtesy GALLERIA CONTINUA, San Gimignano / Beijing / Le Moulin © Stéphane RAMBAUD © Adagp, Paris, 2011
- A c t u a r t l y o n r é p o n d à N i c o l e E s t e r o l l e:
Suscitée par cette dernière chronique de Nicole Esterolle (chronique contradictoire puisque ses premières lignes résument parfaitement le fonctionnement de l'art contemporain alors que le reste de l'article n'est que du superflu), la réflexion que nous vous proposons aujourd'hui est un corolaire de nos questionnements sur le discours DE l'art et le discours SUR l'art aujourd'hui.... lire la suite