Art, vacances, campagne... et champagne, un cocktail savoureux, pétillant! Si vous n'avez pas eu de nouvelles d'Actuart pendant ce mois d'août, c'est normal: nous étions à 2h d'autoroute de Lyon, dans la Venise Gardoise, en bord de Cèze, où nous avions déplacé
80 tableaux de trois peintres amis.
Exposition de deux semaines, entièrement financée par Actuart, qui nous a donné ce plaisir du contact avec un large public, touristes et résidents à Goudargues (Gard), français, belges, hollandais, anglais, américains, italiens et même hongrois.
La touche directe de Martha, et l'explosion de ses couleurs, le contraste des aplats et les truculents personnages de Gilles Mattei, ont, pendant la première semaine, surpris, séduit et animé ce large public. La deuxième semaine nous le transportions de l'autodidaxie et la couleur à la maîtrise du dessin et aux jeux d'ombre et lumière grâce au monde fantastique babélien de David Lefebvre. Nulle allusion à la querelle classique du disegno contre la colore, qui opposait jadis Raphaël et Titien! Tout simplement notre objectif a été de proposer à ce public de presque 3000 visiteurs et amateurs d'art trois styles plastiques totalement différents, capter leurs réactions, leurs pensées, leurs émotions, quelles qu'elles soient.
Alors quels enseignements tirons-nous de cette exposition? Une analyse ultérieure nous a permis de comprendre pourquoi ce public avide de connaissances, de dialogue, de couleur et de rêves, ne franchira jamais le seuil d'une galerie d'art. Acheter de l'art oui, mais au juste prix, telle est sa contrainte. Autrement dit, chers professionnels du monde de l'art, le grand public a peur de l'art-naque!
D'où vient-il, ce manque de confiance à l'égard des professionnels de l'art? Est-ce l'art prédisposé à l'arnaque plus que d'autres biens sur la place publique? Eh bien oui et non. Le prix surestimé auquel vendent traditionnellement les galeries devrait se justifier par un travail pointu au niveau des choix et de l'engagement du galeriste. Dans ce cas-là le couple artiste-galeriste est complice et indivisible. Soit, mais encore, comment justifier ce prix au grand public?
Deuxième constat que nous faisons au bout de cette expérience est que tout le monde a une sœur ou un cousin qui peint, fait de la poterie ou sculpte le bois. Autant dire que l'art est accessible à tous, à ceux qui le créent et à ceux qui le contemplent. Qu'est-ce qui ferait qu'un jour ils cherchent ailleurs ce qui est à portée de leur main?
Le marché de l'art s'effondre aujourd'hui, pour de multiples raisons. En effet une profusion de peintres amateurs, professionnels, occasionnels, une quantité d'œuvres en surabondance sur le marché, la concurrence de l'Asie (Ebay ou les grandes surfaces de bricolage et décoration comme Ikea), font qu'aujourd'hui ce public sensible n'a plus de repères. Peut-être l'initiative d'Actuart d'aller chercher, à ses frais, le grand public dans le milieu naturel de ses loisirs, les surprendre par des propositions plastiques fort différentes accompagnées d'un discours succinct et simple, peut-elle aboutir à une re-sensibilisation du grand public au monde de l'art. Nous essayerons de multiplier ce genre d'expérience parce que c'est lui, le grand public, qui peut relancer le marché de l'art aujourd'hui.
Voir les oeuvres de: MELIKIAN Martha